2 juin 2020 - 13:15
Le veau cherche sa place et du soutien
Par: Le Clairon de Saint-Hyacinthe et région

Fabien Fontaine, président de Délimax-Montpak, un important producteur et transformateur de veau et d’agneau dont le siège social est à Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©

Copropriétaire de Délimax-Montpak, Fabien Fontaine croit que la crise de la COVID-19 reflète avant toutes choses les difficultés pour certains secteurs agricoles à entrer en supermarchés. Le veau de lait, et l’agneau dans une certaine mesure, vit présentement le contrecoup de plusieurs années de travail acharné afin de le rendre plus accessible aux Québécois.

« Cela fait des années que nous tentons de faire entrer plus de protéine de veau en épicerie », de dire M. Fontaine. Géant québécois et canadien dans le veau de lait, de grains, ainsi que dans l’agneau et le bouvillon gras, Délimax, dans cette optique, lançait sa propre marque Famille Fontaine en 2019, question de favoriser encore plus l’achat de veau local.

« Avec la COVID-19, la situation pour le veau de lait est catastrophique actuellement, car c’est une viande de restauration que nous exportions à près de 60 %, surtout sur la côte est américaine où le veau de lait est très consommé. En perdant le débouché de la restauration, nous nous retrouvons avec beaucoup de veau invendu que nous congelons présentement. Nous avons pris la décision familiale pour Délimax de ne pas avoir de retard d’abattage et donc, de plutôt opter pour la congélation », explique Fabien Fontaine.

Ce dernier est conscient que le veau congelé perd de sa valeur. « Historiquement, nous ne congelons pas le veau de lait, c’est une viande reconnue pour être consommée fraîche. »

Forcer la porte des supermarchés

De passage à l’émission Tout le monde en parle (TLMEP) à la fin mars, Éric La Flèche, président et chef de la direction chez Metro, encourageait fortement l’achat local et décriait l’absence ou la rareté de certaines viandes sur les tablettes des épiceries québécoises.

« Dès le lendemain de son passage à TLMEP, des produits de veau de lait ont pu être listés très rapidement et mis sur les tablettes de Metro, raconte M. Fontaine. Ça faisait longtemps que nous attendions pour une telle ouverture. Ça prouve que lorsqu’ils le veulent, les géants des supermarchés peuvent nous faire de la place. Dans l’agneau c’est le même enjeu. L’importation de produits de la Nouvelle-Zélande est toujours près et les prix sont intéressants. Entrer de l’agneau chez Metro était pratiquement impossible avant aujourd’hui et, là, nos produits commencent à y être listés depuis deux semaines! »

Combat inégal s’il en est un, M. Fontaine décrit surtout l’aide fédérale peu adaptée et chiche. « Nos règles alimentaires sont 20 fois plus sévères que dans plusieurs autres États du monde et, présentement, en Europe par exemple, on leur garantit des subventions pour les aider pour le veau de lait. Ils sont ultra protégés, alors qu’ici, le veau ne cadre dans aucune aide. Le Canada donne 250 M$ pour l’agriculture, mais on s’entend que c’est surtout pour des visières et la transformation. Encore là, notre voisin américain injectera 16 milliards de dollars en agriculture. Le Canada devrait donner au moins 10 fois plus pour égaler proportionnellement cette aide. »

Délimax-Montpak compose donc actuellement avec des producteurs qui vivent des retards d’entrée en ferme et qui doivent retenir leurs bêtes plus longtemps. Une planification serrée qui les mène déjà vers l’horizon 2021 avec plusieurs incertitudes, dont celle de pouvoir trouver des débouchés au veau congelé en ces temps de la COVID-19. « Nous allons nous en sortir, mais le chemin sera sinueux », termine M. Fontaine.

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